Les Vendanges de l’Hémisphère Sud
Dans un contexte d’année pluvieuse, avec des maturités longues, le millésime 2013 a une semaine à deux semaines de retard par rapport à une année normale.
Au Chili
Après un hiver très sec placé sous le signe du phénomène climatique La Niña, le printemps fut marqué par son corollaire : El Niño. Celui-ci a eu pour effet de nous apporter des pluies durant la période de croissance de la vigne, fait rarement vu au Chili !
Si ces pluies ont eu un effet salvateur, permettant de diminuer l’irrigation et compensant le déficit hydrique hivernal, elles nous ont aussi causé quelques désagréments : phénomène de coulure sur les cépages sensibles (carmenères) et quelques foyers de développement d’oïdium.
Malgré cela nous avons abordé l’été avec des raisins très sains, El Niño étant toujours actif. Durant l’été, il se manifeste par des brumes matinales plus fréquentes et des températures nocturnes plus basses qu’à l’accoutumée, permettant à nos raisins de murir lentement, tout en préservant leurs arômes.
Les vendanges ont débuté le vendredi 22 février par nos Sauvignons Blancs de Lolol avec une parcelle particulièrement précoce. L’essentiel de la récolte sur ce cépage sera rentrée plus tard pour s’achever le 9 mars.
Nos vignes étaient saines et nous avons vendangé dans de bonnes conditions. Les nuits très fraîches nous ont permis de ramasser le raisin à la main tôt le matin à des températures basses.
A la dégustation, les peaux de raisin étaient moins sur les thiols (notes herbacées) que les années passées mais les acidités étaient bien présentes.
Cette ambiance acide naturelle (qui semble être un signe du millésime) et les basses températures ont permis aux levures de développer des arômes puissants, très élégants et de faire des vins avec une très belle minéralité.
Confirmation de cette complexité en fin de fermentation. Les sauvignons sont moins exubérants au nez que les années antérieures mais très fins avec une grande puissance en bouche. De très jolis vins blancs.
Les Pinots Noirs ont été ramassés entre le 11 mars et le 1er avril. Cette année, la qualité des raisins était très homogène et très prometteuse avec là aussi de belles acidités et moins de sucre que les autres millésimes.
Pour la première fois, nous l’avons foulé aux pieds comme nous le faisions dans les lagars au Portugal. L’objectif de cette technique est d’extraire au maximum mais en douceur la couleur et les précurseurs d’arômes.
Après 2 jours de foulages aux pieds, nous avons transféré en barrique le moût et les peaux pour démarrer la vinification intégrale, c’est-à-dire la fermentation alcoolique en barriques.
Les Syrahs ont été récoltées mi-avril. Les peaux très mûres avec un début de flétrissement laissent supposer d’une qualité de tanins exceptionnelle. Là encore, nous avons des pH faibles pour cette région du monde.
Les vendanges se sont achevées mi-mai par la récolte des Carmenères et des Cabernets. Nous avons sélectionné nos meilleurs lots pour réaliser des vinifications intégrales en barriques neuves. Nous rentrons dans l’hiver austral, ce qui nous a obligé à construire de petits abris à l’intérieur même de la cave pour pouvoir les chauffer et fermenter à des températures suffisamment hautes.
La récolte est bonne en quantité, s’inscrivant dans la tendance générale du pays à l’exception des Carmenères dont la floraison a été perturbée par les pluies.
La fraîcheur du millésime nous a obligé à attendre un maximum de temps (parfois jusqu’à la chute des feuilles) pour atteindre notre optimum de maturité phénolique sur les rouges. Les degrés alcooliques sont restés modérés cette année avec des acidités intéressantes, ce qui nous laisse espérer de très beaux équilibres.
Ensuite l’Argentine,
Notre vignoble d’Argentine, tout comme celui du Chili, a été marqué par une année de précipitations largement au-dessus de la normale, dues au phénomène de la Niña dans le Pacifique.
Dans ce contexte d’année pluvieuse, nous avons dû faire face à une pression oïdium extrêmement précoce, généralisée à l’ensemble de la zone sud-américaine.
Malgré cela et le fait que nous cultivions de manière biologique, l’état sanitaire de notre vendange sur les blancs a été impeccable grâce au travail de nos équipes.
Il est vrai que la plus grande partie de notre vignoble de blancs est constituée de pinots gris qui résistent bien au botrytis et que l’on ramasse très tôt (Début de vendanges le 6 février).
Les Pinots Gris, élevés sur lies, sont très aromatiques en allant sur des notes d’abricots, pêches de vigne en touchant parfois des notes florales. La bouche est onctueuse, bien équilibrée.
En juin, nous avons réalisé nos premières mises de pinots gris, suivies par le rosé et le Torrontes afin que nos clients européens aient le plaisir de les déguster lors des premières chaleurs estivales.
Les Chardonnays sont plus « aériens » que certaines années, avec des notes de fruit frais emprunts d’une légère minéralité.
Les vendanges en rouge ont débuté début avril par les Malbecs et se sont achevées début mai par les Cabernets Sauvignons.
Comme au Chili, les maturités plus lentes ont permis d’obtenir plus d’arômes et de complexité.
Les peaux de raisins rouges étaient plus fermes que les années précédentes mais elles étaient mûres.
C’est un millésime pour lequel nous avons dû adapter la vinification en accentuant souvent les extractions pour libérer la couleur et la structure contenues dans les peaux.
Aujourd’hui, nous écoulons nos cuves et nous avons déjà la confirmation de la générosité du millésime pour celui qui aura su la gérer au vignoble et au chai.
Nos vins sont très équilibrés en bouche et offrent de puissantes expressions aromatiques.
Le millésime 2013 est marqué par une maturité lente et des rendements faibles sur nos vignobles (comme partout dans la zone de Mendoza), probablement le gage d’une grande qualité en perspective.