Je suis arrivé au Chili en 1997… Un véritable paradis pour la vigne, comme je le dis souvent. Un paradis qui réalise de plus en plus son véritable potentiel et a décidé d’en prendre soin… De plus en plus, on assiste au Chili à une prise de conscience de l’importance du terroir. Les Chiliens, comme beaucoup de pays producteurs du « nouveau monde », réalisent peu à peu que le lieu d’implantation est primordial pour définir le style de vin que l’on veut produire. Ils se sont engagés dans un processus de délimitation précise des régions viticoles et de plus en plus de producteurs citent sur les étiquettes ces différentes régions. On voit aussi se développer des confréries et des syndicats de producteurs par région. Les terroirs les plus qualitatifs sont sans doute ceux situés près de l’océan : ils sont influencés par la fraîcheur maritime, comme notre vignoble de Lolol, par exemple, et les résultats sont particulièrement qualitatifs. Ces vins ne vont pas tarder à rentrer dans le club des grands vins du Pacifique, comme la Californie ou la Nouvelle Zélande…
Je ne pense pas que les vins de cépage, qui ont fait la réputation de ce pays, vont disparaître pour autant, même s’il y a de plus en plus de vins d’assemblage. Certaines régions sont en passe de s’imposer comme « spécialistes » de certains cépages : Casablanca et la côte pour les sauvignon et les pinot noir, Maipu pour le cabernet, Colchagua pour le Carmenere, Lolol pour la syrah… Toute une nouvelle génération de viticulteurs travaille énormément en micro vinifs, ils ont le vent en poupe et reçoivent beaucoup de presse venue de monde entier, ce qui renforce la notoriété des différentes régions.
La baisse des rendements a aussi entraîné une modification profonde des méthodes de vinification : les PH sont plus bas, ils demandent moins d’acidification. D’autre part le chili étant un des pays viticole avec le plus grand nombre de vignobles bio ou Biodynamique, un gros travail a été fait pour baisser les niveaux de soufre. On travaille de plus en plus avec des petits contenants. Et beaucoup ont suivi le précepte de cuve ouverte que Jacques et moi avions développé.
Tout cela entraîne une montée des prix : une grosse revalorisation a lieu sur les vins bios, et les vins de terroirs, eux aussi, sont de plus en plus valorisés.
De notre coté, à Lolol, nous sommes en train de réaliser notre première vendange 100% bio. Et l’an prochain, nous serons certifiés Demeter «(biodynamie). Le travail sur la qualité ne s’arrête jamais !